dimanche 26 avril 2015

Je ne suis pas aspirée dans l’autre monde comme par le gazon de l’estrade


Je marche en forêt avec un informaticien, par une nuit d’automne, pour aller coder un site web. Mais le programmeur ne parvient pas à utiliser mon portable, car ce n’est pas un Apple et il ne comprend pas comment faire bouger le pointeur d’écran avec le finger pad.

Il nous amène dans une salle circulaire avec une table au milieu délimitant un grand corridor le long de la circonférence. Les murs sont couverts de tableaux et la salle pleine à craquer de collectionneurs. Je ne parviens pas à distinguer les œuvres aux murs, d’ailleurs les miennes n’y sont pas et les collectionneurs que je connais m’ignorent. Je m’emmerde et  me dirige vers la sortie mais c’est difficile car il y a tellement de monde que je suis embourbée dans la foule. 

Enfin sortie, je me retrouve la nuit dans le banc de neige avec des light stick plantés autour de moi. Les gens jouent à un jeu de poursuite mais ça ne me tente pas vraiment. 

Je vais m’enfermer dans les toilettes pour être tranquille. J’y reste un très long moment. Une de mes amies d’enfance qui a un maquillage de fantaisie sur le visage, vient me voir avec ses deux enfants. Quand je sors des toilettes, c’est le jour et tout a changé. 

Un village pénitencier s’est construit durant la nuit (je suis peut-être resté très longtemps dans les toilettes). C’est gouverné par un régime totalitaire où les gens n’ont pas d’identité. Ils peuvent choisir d’être la personne qui leur plaît. Tout à coup je suis en train de parler à un gars qui m’explique comment ça fonctionne. Au début il a l’apparence d’un surfer avec des dreads ensuite il devient un ingénieur en complet cravate, en passant par d’autres personnalités dont je ne me souviens plus. 

Les gens sont frustrés que je ne veuille pas partager mon identité et la garder pour moi. Je suis révulsée à ’idée de ne plus être moi-même et de devenir plein de monde en même temps. Je vois ça comme une fuite et une perte de temps. 

Dans le village, il faut avoir un talent à mettre en commun. Ils aiment particulièrement le tissage, la vannerie et la sculpture. Une dame me déteste et je ne comprends pas trop pourquoi puisque je ne l’ai jamais vue. Par contre une sculpture qu'elle a fait est vraiment superbe. C'est un brontosaure avec des écailles pourpres et magentas avec un œuf blanc presqu’aussi grand que lui.  

 C’est le moment de l’appel général et si je me pointe au rendez-vous. Ils vont découvrir ma présence. D’autant plus que je n’ai pas de talent à mettre en commun  car ils n’aiment ni la peinture ni le dessin. Parce que je ne fabrique pas d'objets et, selon eux, le dessin ça ne sert à rien en soit, ce n’est utile que pour décorer des sculptures. 

Les gens de l’élite sont les premiers appelés. Viennent ensuite ceux du milieu, pas très doués ni très utiles mais ils représentent la majorité. En troisième ce sont les gens inutiles, il y en a moins. Et pour finir, ceux qui disent non, comme moi. Ah! Donc je peux avoir le choix et décider de rester quand même? 

Mais mon amie Farine* elle, se sauve. C’est quand je vois le châtiment qu’ils réservent aux femmes enceintes que je décide de la suivre. Ils les brûlent avec des colliers composés de plaquettes de métal chauffées à blanc et les victimes se soumettent à la torture de bon gré. Je suis horrifié et je détale. 

Je rattrape Farine car elle a trouvé un moyen de sortir de cet univers. Nous sommes poursuivit jusque dans un parc où a lieu un concert en plein air. Les collines de gazon autour de la scène forment une estrade et Farine s’adosse au monticule d’herbe car il y a un trou tranquille qui l’aspire lentement. Je fais la même chose et ça prend du temps. Les gens qui nous poursuivaient nous rattrapent mais je ne sais pas s’ils savent où nous nous cachons. Le portail nous emmène jusque dans la réalité. 

Ils nous ont suivit. On n’a pas d’autre choix que de retourner dans le monde totalitaire car ils ne penseront jamais qu’on puisse avoir l’idée d’aller s’y cacher. Farine trouve un passage dans un petit contenant de yogourt collation, de ces paquets qui en contiennent 6 collés ensemble. Il y en a une boîte pleine mais je ne parviens pas à entrer dans un contenant. En fait oui, j’en suis capable mais je ne suis pas aspirée dans l’autre monde comme par le gazon de l’estrade. Alors je me cache derrière les paquets de yogourt mais ils me trouvent et me ramènent.

Comme châtiment, je dois choisir entre la dissolution de mon identité dans la cuve (et donc la mort) ou le don d’organe. Ils veulent mes rotules, ma cage thoracique et la plante de mes pieds. Il y a justement plein de gens autour de moi qui ont donné leur rotule et cela ne semble pas les empêcher de vivre. Ils se mettent des bandes adhésives sur les genoux pour les tenir ensemble. Je sais qu’ils font semblant. 

Dame Thérèse de Ste-Lune est la matriarche de la colonie. C’est une très vieille femme vêtue d’un sari vert forêt. Elle veut changer la colonie car cette façon de vivre sans identité ne va plus nulle part.  Elle désire libérer les gens en proposant d’intégrer le Pape dans la cuve avant d’y aller elle-même, pour se fondre dans la collectivité. Ça va transformer la perception de tous le monde et ils vont me laisser vivre. J’attends et j’essaie de gagner du temps car c’est ce qui va me sauver.



*J’ai changé le nom de mon amie pour que personne ne la reconnaisse. Il ne faut pas oublier que c’est un rêve alors, ça aurait pu être n’importe qui car c’est un peu n’importe quoi.

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