Pleureuse aux cheveux de feu, Acrylique, 4"x5", Décembre 2015 |
Ce
sont les élections au centre d’achat et les gens de l’émission
Infoman sont déguisés en ourson toutou mascotte pour coller des
photos des leaders du NPD et QS sur le dos des gens qui ont voté PLQ
et PC. Mais c’est du carton avec du ruban adhésif, un peu comme
des poissons d’avril. Ce n’est pas sérieux et ça s’enlève
facilement, contrairement aux autocollants que les gens des partis
adverses collent sur tous le monde et qui ne s’enlèvent pas.
Badaboum est là, en habit de lumière. Il fait son show et sa tête
est en forme d’ampoule. Il saute partout dans les décorations de
Noël de Loto-Québec qui sont au plafond pour décorer le hall
principal du centre commercial. J’ai peur qu’il tombe mais
quelqu’un me fait remarquer qu’il porte un harnais transparent.
Comme les athlètes du cirque du soleil qui font aussi une
performance en même temps. Ils sont deux, vêtus de one-pièce, l'un
blanc et l’autre turquoise. Ils sortent de l’eau de la fontaine,
sous les escalators mécaniques, en faisant le bacon, les membres
écartés comme une étoile de mer et ils sont tirés au plafond par
leur harnais. C'est minable et les personnes qui les manœuvrent font
mal leur job donc les acrobates se cognent contre l’escalator et se
blessent. Aussitôt, une autre équipe de remplacement apparait au
fond de l’eau et est tirée vers la surface pour refaire la même
performance.
C’est
le jour de livraison des œuvres à la galerie, pour préparer une
nouvelle exposition, et c’est encombré, il y a plein de monde et
on court partout à la recherche des formulaires.
Tandis que moi, je
veux le vieux livre orange de partitions de piano à ma mère pour
jouer la toccata de Bach. Il y a un orgue de salon avec des sourdines
de trompette sur les tubes. Je n’arrive pas du tout à jouer, je ne
reconnais plus les notes, il faut que je compte les lignes à partir
du do à chaque fois et ça me prend un temps fou à plaquer le
moindre accord, je suis complètement nulle. Finalement c’est mon
copain qui la joue, et assez bien en plus, je ne savais pas qu’il
pouvait faire ça.
La
soirée est finie et il ne reste qu’un dernier spectacle. Ça tombe
bien car je suis complètement crevée. Des grosses madames obèses
en robes médiévales avec des cheveux immensément longs s’avancent
sur la scène pour danser et nous invitent à les rejoindre. Je n’en
aie pas envie. Tout ce que je veux c’est dormir et j’ai très
faim, mais je n’ai que le fond d’un sac de popcorn à me mettre
sous la dent. Au moins, les derniers grains éclatés sont
généreusement nappés de beurre salé.
Je
veux retourner chez moi. Je me positionne au milieu de la grand place
du centre commercial, cet endroit d’où on peut voir tous les
niveaux. Habituellement il y a un puits de lumière et un ascenseur
panoramique qui monte jusqu’au 48 ième étage (car il y a un
édifice à bureau au dessus du centre d’achat). Mais je n'ai pas
besoin de prendre l'ascenseur. Je décolle en ligne droite vers le
ciel (comme dans une illustration de Moebius) et j’arrive jusqu’au
dernier niveau, face à un miroir un peu glauque qui réfléchit mon
ombre plutôt que mon reflet. Et il est très sombre, d'un turquoise
profond, comme de l’eau.
Je me dis que je suis dans un rêve, donc
je peux faire ce que je veux, c’est-à-dire passer au travers pour
aller de l’autre côté du miroir et accéder à un rêve plus
intéressant. Je commence par ma main et mon corps entier suit.
J’aboutis dans une salle circulaire avec un miroir sur chaque mur.
Je comprends que c’est un portail et que pour revenir dans un monde
réel (n’importe quelle réalité) il faut que je passe au travers
d’un autre miroir. Je tâche de me rappeler que je prends le
miroir 888.
J’arrive
dans mon monde. Ce n’est pas ma chambre mais une chambre faite pour
moi, c’est jaune avec du linge qui me plait et des choses que
j’aime. Il y a des boites à musique avec le Lac des cygnes et la
berceuse de mon toutou nounours blanc. J’ai peur de regarder par la
fenêtre car, à première vue, c’est sombre. Mais ça change quand
je m’en approche et je vois un paysage de forêt qui défile car la
maison se promène. On dirait que je suis en Scandinavie, ou en
Russie, en tout cas, dans ce coin là. En regardant plus longtemps,
je comprend qu’on est sur le plateau de tournage du dessin animé
« la dernière licorne ». La princesse (pas lady
Amalthea, une autre) fait sa primadonna et veut entrer dans ma
chambre en pensant que c’est sa loge.
C’est
devenu un magasin de jouets rétros tenu par un vieil homme. Je veux
encore retourner chez moi, dans la réalité éveillée. Mais comme
je suis pieds nus, le bonhomme ne veut pas me laisser partir comme
ça. Il tient absolument à me donner des chaussures de pompier. Il
dit que ce sont les meilleurs souliers qui existent, plus léger,
confortables, solide et ignifuge en plus. Dans le fond, ce sont des
enveloppes rigides qui ont la texture du feutre ou de la pulpe de
papier mâché dont il m’emballe les pieds en se servant d’outils.
J’ai un peu peur quand je le vois sortir la hache et le marteau
mais il est très doux avec et me fabrique des bottes en forme de
palme. J'ai quelques appréhensions par rapport au résultat de son
travail mais je ne dis rien pour ne pas le blesser. Et ça va faire
la job.
Le vieil homme est plutôt fière que je porte ça et me dit
que c’est dommage car maintenant plus personne n’utilise ces
enveloppes pour en fabriquer des chaussures. Les gens les prennent
pour n’importe quoi, comme pour faire une coupe au bol par exemple.
2 commentaires:
J'aime ça te lire! :-)
Merci Manon!
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