Je me réveille et je vais regarder par la fenêtre. C’est encore la nuit, c’est
l’hiver et il y a beaucoup de neige accumulée dehors. Tout à coup je vois un
gros conteneur de métal parcourir le stationnement du logement d’en face en
roulant sur lui-même dans un grand vacarme de ferraille. C’est le genre de
cloche qui était utilisé pour ramasser les matières recyclables.
Il s’arrête en
allant s’écraser contre une automobile blanche postée devant une voiture de
police. Le conteneur résiste au choc mais l’une de ses arêtes enfonce la
carrosserie du véhicule. 3 ou 4 policiers sortent du conteneur et se précipitent dans leur voiture. Ils se font tirer dessus.
Je comprends alors que les policiers viennent
de s’échapper d’une situation précaire en se cachant dans le conteneur qui pouvait
parer les balles leur étant destinées. Malgré la bizarrerie du stratagème, ils
m’impressionnent quand même un peu. L’intense boucan réveille tout le voisinage
et les gens sortent dehors dans une aube maussade.
J’entends du monde dire que
quelqu’un saigne. Où? Qui? Est-ce qu’on peut l’aider? La foule s’est accumulée
autour des clôtures en bois qui ceinture la cours de mon voisin de gauche. Ils
ont une piscine ronde remplit d’eau brunâtre, recouverte de feuilles mortes et
polluée de neige sale, creusée à même un sol boueux et piétiné. Le gazon gelé
est mort d’avoir passé l’hiver sous la neige et quelques touffes malingres
renaissent ça et là. L’eau de la piscine est partiellement recouverte d’une
couche de neige glacée.
Les gens lancent des grosses roches dans l’eau pour
faire des vagues qui font émerger un cadavre. Je lance une grosse pépite d’or
et le mort sort de l’eau jusqu’à la taille. Sa bouche est une plaie sanglante
et le sang s’écoule sur son torse jusque dans l’eau. J’ai vu ses yeux ouverts. J'étais loin mais j'ai vu ses yeux morts.