mercredi 12 février 2014

J’ai vu ses yeux ouverts



Je me réveille et je vais regarder par la fenêtre. C’est encore la nuit, c’est l’hiver et il y a beaucoup de neige accumulée dehors. Tout à coup je vois un gros conteneur de métal parcourir le stationnement du logement d’en face en roulant sur lui-même dans un grand vacarme de ferraille. C’est le genre de cloche qui était utilisé pour ramasser les matières recyclables. 

Il s’arrête en allant s’écraser contre une automobile blanche postée devant une voiture de police. Le conteneur résiste au choc mais l’une de ses arêtes enfonce la carrosserie du véhicule. 3 ou 4 policiers sortent du conteneur  et se précipitent dans leur voiture. Ils se font tirer dessus.   

Je comprends alors que les policiers viennent de s’échapper d’une situation précaire en se cachant dans le conteneur qui pouvait parer les balles leur étant destinées. Malgré la bizarrerie du stratagème, ils m’impressionnent quand même un peu. L’intense boucan réveille tout le voisinage et les gens sortent dehors dans une aube maussade. 

J’entends du monde dire que quelqu’un saigne. Où? Qui? Est-ce qu’on peut l’aider? La foule s’est accumulée autour des clôtures en bois qui ceinture la cours de mon voisin de gauche. Ils ont une piscine ronde remplit d’eau brunâtre, recouverte de feuilles mortes et polluée de neige sale, creusée à même un sol boueux et piétiné. Le gazon gelé est mort d’avoir passé l’hiver sous la neige et quelques touffes malingres renaissent ça et là. L’eau de la piscine est partiellement recouverte d’une couche de neige glacée. 

Les gens lancent des grosses roches dans l’eau pour faire des vagues qui font émerger un cadavre. Je lance une grosse pépite d’or et le mort sort de l’eau jusqu’à la taille. Sa bouche est une plaie sanglante et le sang s’écoule sur son torse jusque dans l’eau. J’ai vu ses yeux ouverts. J'étais loin mais j'ai vu ses yeux morts.

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