jeudi 17 juin 2010

VII Le monstrème de glace

Fritz Leiber
La magie des glaces
ISBN 2–266–02001-3



p.116 : «Il serait probablement resté invisible jusqu’à la collision si les fantastiques rayons du soleil noir levant qui le frappaient sur bâbord n’y avait engendré un horrible reflet blême, non pas une lumière blanche normale mais une répugnante lumière incolore, cadavérique à donner la chair de poule, blafarde comme ventre de poisson, crayeuse comme crapaud cavernicole. Et si la substance qui formait miroir avait la moindre texture, c’était celle de la corne grise, cannelée et ridée, des ongles de cadavres. Clarté d’enfer lépreuse qui laissait voir que le bâtiment démoniaque était trois fois plus haut sur l’eau qu’aucun navire normal. Sa proue et ses flancs démesurés étaient rugueux et dentelés, comme s’il avait été coulé entièrement en glace dans quelque moule primitif titanesque issu de l’Âge du Chaos, ou encore taillé grossièrement à la hache par un djinn en forme de navire dans un iceberg géant détaché d’un immense glacier. Il était propulsé par des rangs superposés de longues rames galopant comme des pattes d’insecte ou des membres de myriapode, encore que grosses comme des vergues ou des mâts articulés, qui le projetaient à un train d’enfer sur la noire immensité océane.»

Aucun commentaire: