mercredi 6 juillet 2011

Elle me dépasse sobrement par le ciel en rut



Il y a un souper médiéval à la Tour Martello. Je fais de la cartomancie mais je n’ai pas de costume car je suis une servante de la reine d’Espagne. Elle m’emmène sur les toits pour voyager dans le passé. Nous évoluons entre les clochers, les tours vertigineuses et les arcs-boutants comme si nous étions sur une cathédrale. J’ai le vertige et j’ai très peur. Nous traversons des escaliers en colimaçons recouverts de feuilles d’or, des cadres Rococos et des portails baroques.

Je n’ai rien à mettre pour le bal du prince, son fils, et elle ne veut pas me prêter une des robes de jeunesse. Je n’ai pas envie non plus de mettre un corset, sauf si c’est vraiment nécessaire. Finalement, je n’ai pas le choix et l’impératrice me cède une belle robe de fil d’or avec une crinoline à panier et une coiffure en pouf tissée de dentelle qu’elle recouvre d’un capuchon de satin doré. Le prince est vêtu à la Louis XV avec une perruque à marteaux.

Il rencontre les princesses de tous les royaumes et je suis avec elles. Il les remercie d’être venues en si grand nombre mais dit qu’il n’épousera aucune d’entre nous. Les autres sont trop bien élevées pour réagir mais je me lève indignée. Je le traite de capricieux et je dis qu’il n’a pas le droit de leur faire ça. Il me demande qui je suis et je réponds que je ne suis pas une princesse parce que sinon je n’aurais rien dit. De toute façon, je ne suis qu’une servante alors tout cela ne me concerne pas et il ne m’aurait pas épousé de toute façon.

Mais les princesses, insultées par le prince et par mon insolence, se jettent sur moi et déchirent mes vêtements. Le prince leur dit d’arrêter. Elles me laissent en corset et jupon. On recouvre mes épaules de châle en résille d’or pour me redonner de la dignité et le prince dit qu’il va m’épouser car j’ai voulu défendre celles qui n’osaient pas parler par bienséance, au sacrifice de ma propre position. La douairière se doutait bien qu’une jeune-fille moderne épousant son fil provoquerait beaucoup de changement dans le passé et vers le futur. Mais c’est peut-être pour le mieux.

Il y aura maintenant trois serviteurs fantômes de plus dans la livré du prince. Ils traversent le miroir pour aller rejoindre les autres spectres dans les quartiers des domestiques. C’est un trio de colporteurs. Il y a les deux jumeaux siamois qui jouent de l’orgue de barbarie avec un petit singe costumé et un photographe bonimenteur qui les accompagne. Le prince aura un nouvel ami. Un dandy, poète et volage vêtu à la Louis XIV. Je donne deux enfants au prince, des jumeaux. L’un est parfait et l’autre a trois yeux dont deux sont des bouches remplies de crocs.

Je me réveille. Je suis de retour chez moi dans la maison de mon enfance. La reine-mère est ma tante et son fils est mon cousin, un gars insipide. Ils se font un déjeuner américain qui baigne dans l’huile de friture écœurante. Je descends au sous-sol pour retrouver des parcelles de mon enfance. Il y a le tourne-disque et des peintures de ma mère sur les murs. Un morceau de vieille tapisserie psychédélique est encadré. Au fond du sous-sol l’atelier de mon père est plongé dans les ténèbres et voilé par un rideau de toile bleu. Je remarque que la friture du déjeuner passe au travers le plancher et dégouline sur le piano de ma mère. Je veux le pousser de là mais il est lourd et c’est difficile. Mais dès que je parviens à le faire bouger un peu, il échappe à mon contrôle car le plancher est en pente et il dégringole dans les ténèbres, avalé par les rideaux de l’atelier.

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