mardi 25 janvier 2011

Le monstre du lac des neiges



Nous sommes à Rimouski, il y a vraiment beaucoup de neige. Je vais à l’épicerie et ensuite dans un café où je retrouve une ancienne amie d’enfance. Elle est contente de me voir. Elle a le dos nu et ne porte qu’une serviette pour se couvrir. C’est parce qu’elle a le cou déformé par un goitre et ses seins aussi. Moi-même je suis en sous-vêtements et pieds nus dans la neige. Je n’ai pas froid, c’est comme si c’était l’été. Les arbres sont de couleur rouille.

Nous sortons dans le parc voir un balai de coqs volants aux plumes multicolores. Il y a aussi des chiens saucisses à deux têtes bigarrés comme des œufs de pâque. Mais le coq noir est introuvable. On envoie un gros chien en treillis militaire pour le chercher. Le docteur a deux petits chiens, un terrier et un pékinois. Une grosse femme porte un petit bébé au visage aplatit comme le pékinois. Surtout depuis que le docteur l’a écrasé avec la porte de sa voiture. Cette fois-ci, il coupe la jambe du bébé en claquant sa portière. La mère entre dans une rage folle. Elle s’empare du volant et conduit comme une déchaînée sur les autoroutes.

Elle m’emmène jusque dans la forêt du lac des neiges. Il y a un festival de plongée sous marine. C’est comme si on était l’été, il ne fait pas froid. Il tombe de la neige en grosse grappes de givre humides et tout est blanc sur la route. Nous entrons dans une épaisse forêt boréale. Je veux plonger pour la première fois. C’est compliqué, on doit me trouver un dry suit et on me fait attendre. Finalement c’est le soir et je suis prête. Mais on me dit qu’il n’y a pas d’arme pour moi. S’il m’arrive quoi que ce soit, je n’ai qu’à saluer de la main vers le bas. Je dis que, de toute façon, je n’ai pas l’intention d’être seule. Ce n’est pas cela le problème, me dit-on, c’est qu’il y a un monstre marin dans le lac.

Je ne le prends pas vraiment au sérieux et je demande si c’est seulement un gros poisson préhistorique. Mais les autres plongeurs sont très graves et parlent d’un poisson gigantesque qui proviendrait des océans polaires. Et il est dangereux. J’imagine alors une grosse méduse. Je demande à n’être jamais seule. Et maintenant, il fait froid sur le bateau, l’atmosphère est glacial. Le vent nous fouette le visage de flocons gelés qui semblent nous briser la peau si froide qu’on dirait du caoutchouc, comme nos combinaisons. Personne ne parle et nous allons plonger.

Je suis avec quelqu’un d’autre qui tient un phare de plongée. Au début tout va bien. L’eau est turquoise profonde et silencieuse. Les glaces dérivent au dessus de nos têtes. Soudainement, sa lampe éclaire deux autres ronds éclatants. Ce ne sont pas des lumières mais des objets qui la réfléchissent : deux gros yeux globuleux de la taille d’un autobus. Mon ami éteint son phare et je ferme les yeux. Au travers mes paupières je vois encore jusqu’aux écailles du monstre des abysses et ses dents ternes en rangée de longues épines poisseuses. Pourtant ensuite, il a disparu.

Mes cheveux sont devenus blancs d’un seul coup.

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