mercredi 30 mars 2011

Vanya – Vassia - Volodia – Sacha et Anastasia



Quatre rois russes en voyage en mer dans un grand bateau. Ils sont partis très longtemps et sillonnent les mers de glaces. Ils frôlent des icebergs et c’est toujours la nuit. Les rois tombent en amour avec la servante car c’est la seule femme à bords du navire. D’ailleurs, il n’y a personne d’autre car le bateau est très petit. Comme gage de leur amour, ils lui donnent une bague ornée d’un château. Dans ses murailles d’argent, la forteresse abrite une petite pyramide de rubis sous laquelle se trouve un sceau secret. On raconte que cette bague fut perdue au sommet d’une haute montagne enneigée.

lundi 28 mars 2011

La sourde-oreille

Est-ce que je suis la seule à trouver que, malgré tout, une souris chauve avec une oreille sur le dos, c’est vraiment TROP cute? Ça, c’est la réalité.



La fiction, ce serait que la souris puisse vraiment entendre avec l’oreille humaine sur son dos. Et si elle pouvait comprendre la parole des hommes? Son cerveau s'adaptera pour dédier une section à l’analyse de cette information. Ensuite, l’humain qui recevra l’oreille aura le pouvoir d’interpréter le langage des souris.

Mais la souris qui n’aura plus d’oreille sur le dos sera très malheureuse car son cerveau ressentira durement l’absence de stimulation. Et on ne pourra pas lui greffer une seconde prothèse d’oreille à cause des symptômes de rejets.

Voulant à tout prix combler ce vide, la souris deviendra télépathe et comprendra les pensées de l’homme. Elle fera tout pour retrouver l’homme qui porte l'oreille développée sur son dos. Y parviendra-t-elle?

Cet homme un jour découvrira une petite souris toute sale, toute faible et malade devant le pas de sa porte. Est-ce qu’il va la tuer? La jeter au loin? Non, car cet homme, c’est un petit garçon et il aime bien les souris.

-Maman? C’est ma soureille, est-ce que je peux la garder?
-Mais oui mon trésor, on va lui faire une grande ville dans toute la maison.
-Wow! Trop cool!

Mais la souris est morte bientôt, car les souris ne vivent pas très longtemps et celle-ci était très fatiguée.

Mais je crois qu’elle est morte heureuse.
Le petit garçon, par contre, était très triste. Il l’a enterré dans la cour. Lui et sa maman lui on fait une belle cérémonie.
Ils ont attendu un peu.

Et ils ont achetés d’autres souris.

Le petit garçon comprend le langage des souris, mais pas celui des hommes. En fait oui, mais il trouve que les hommes ne sont pas intéressants, car on ne dit jamais des choses intéressantes aux enfants.

Il s’éloigne de ses amis, mais il n’est pas seul. D’ailleurs il n’avait pas d’amis.
Il se crée un petit monde avec ses souris. Un jour, il est devenu grand. Il sort dehors, et il regarde le monde des hommes. Il trouve que le monde des hommes est comme le monde des souris, mais sans oreille sur le dos. D’où proviendrait l’oreille qu’on pourrait greffer sur le dos d’un homme? Il aimerait bien porter cette oreille pour développer une nouvelle forme d’ouïe dans une partie de son cerveau, afin d’entendre des choses que les autres hommes ignorent.

mercredi 16 mars 2011

Station quarantaine

Voici une BD qui raconte un rêve.










J’ai eu du plaisir à faire ça, mais jamais autant qu’en travaillant sur Chimeris. Donc je n’en ferai pas d’autres. J’avais pensé me tourner vers ce genre de BD et abandonner un peu l’univers et les personnages qui me suivent depuis une vingtaine d’année. Mais finalement non.

Quand j’aurai terminé Chimeris, je vais la colorier. Ce qui me prendra au moins un an. J’aurai donc beaucoup de temps pour imaginer une nouvelle histoire avec mes personnages favoris : Soblevsky, Ava, Briac, la Mandragore, I, Annathéness, les docteurs-pestes…

lundi 14 mars 2011

Le bâilleur du fond



Quelqu’un qui bâille, ça ressemble à un cri sans bruit.
Et je trouve ça vaguement inquiétant.

vendredi 11 mars 2011

Jet lag



Je suis dans le salon et je placote avec un ami. C’est le soir et je vais bientôt aller me coucher. Je ne porte qu’un t-shirt noir taché de peinture sous ma robe de chambre rouge. Il ne fait pas froid.

Je m’assois et les deux pans de ma robe de chambre s’écartent, révélant mes jambes. Je les abrilles en rabattant le tissus par-dessus. Mon ami me fait remarquer que je cache mon corps comme si j’en étais trop fière pour permettre qu’on le regarde. Mon corps n’a rien de spécial, il est comme les autres, ni mieux, ni pire. Je n’ai pas à le cacher, tout le monde a déjà vu ça.

Mon ami semble épuisé. Comme il vient de très loin, je dis que c'est sans doute à cause du Jet lag et il me regarde avec un drôle d’air. Je n’ai pas compris tout de suite, mais c’est peut-être parce qu’il est dans mon rêve. Sur le coup j’ai l’impression qu’il n’a pas saisit le sens de mon expression. Je m’excuse en disant qu’ici, à Montréal, on parle souvent en français et en anglais en même temps. Je dis donc : décalage horaire. Il répond : «Non, ce n’est pas à cause de ça.» Et Jet lag n’est pas nécessairement si anglais que ça. Il me récite l’étymologie du mot*. Et au final, je trouve qu’il est étrange de déclarer qu’un mot appartient à une langue ou à une autre parce qu’ils proviennent presque tous des mêmes racines.

Je crois que mon ami doit vraiment me trouver décevante. J’en suis désolée et moi aussi je suis fatiguée. Mais je suis très heureuse de cette conversation, alors je lui dis merci. Et, avant d’aller me coucher, je vais le serrer dans mes bras et je l’embrasse sur les deux joues. Il sourit. Il a l’air content. Fais de beaux rêves!

*Jet lag
Jet : vient du latin iactus (un lancer) et donc du verbe jeter. C’est un mot d’origine française qui semble étrangement devenir un anglicisme quand on parle de l’avion (sans doute parce que les anglais utilisent le mot aussi (!!?!)).
Lag : J’ai eu de la difficulté à trouver quoi que ce soit. Ça aurait probablement la même étymologie que « last ». Et ça viendrait du vieil ou du moyen anglais.
C’est donc un mot typiquement montréalais soit, anglais et français.

lundi 7 mars 2011

Le délire d’un carnet sans esquisse



Un élève lit dans ma classe pendant que je parle. Ça me dérange. Je n’ai pas envie de le punir. Je n’ai pas envie d’être ici et eux non plus. Je me demande toujours de quel droit j’enseigne. Et qu’est-ce que j’enseigne? Ils me regardent et ils m’écoutent, pour apprendre. Donc je parle.

Il me distrait, l’élève qui lit. Ses yeux son baissés sur son nez qui tombe vers son bureau. Son livre est posé sur ses genoux. Il lève la tête et il me regarde, car je ne dis plus rien. Tous les élèves me regardent. Je dois faire quelque chose.

-Viens poser le livre sur mon bureau!
L’élève se lève et marche jusqu’au bureau, en haut de la tribune.
Je continue le cours.

Et le livre disparaît.
Je me suis tournée pour écrire au tableau, plusieurs fois. Ça m’aura prit un moment avant de le remarquer.
Le livre n’est plus là.

-Tu as repris ton livre?
L’élève fait ''non'' de la tête.
-Quelqu’un a reprit le livre?
La cloche sonne mais personne ne bouge.
-Vous ne sortirez pas de la classe tant que le livre ne sera pas revenu sur mon bureau.

Et je me tourne dos à eux, je corrige des copies. J’entends un soupir. Un élève commence à pleurer. J’attends. J’attends longtemps. Les élèvent sanglotent. Le livre n’est pas de retour.
Ça fait seulement 5 minutes.

Je vais ouvrir la porte de la classe et je leur dis ''à demain''!
Ils s’en vont tous sans me jeter un regard. Je prends mon sac, j’éteins et je quitte moi aussi.
Je suis chez moi.
Je sors les copies de mon sac. Et je sors le livre.

Qu’est-ce qu’il fait là?
C’est un livre brun, à couverture de cuir. Il n’y a pas de titre sur le dos de la reliure ni sur la couverture. Il n’y a rien, pas de dessin. La tranche est blanche. Je le dépose devant moi.

Est-ce que j’ai pris le livre moi-même pour le mettre dans ma sacoche devant tous les élèves de ma classe? Est-ce que j’aurais fais ça sans m’en rendre compte?

Le lendemain, en classe, l’élève est absent. C’est le seul absent. Et quand je demande aux autres s’ils savent pourquoi, ils secouent la tête. J’aurais voulu lui rendre le livre. J’aurais dû aller chez lui, ce soir-là, pour lui rapporter son livre. Mais je ne l’ai pas fais. J’ai attendu toute la journée pour l’ouvrir. Et là, rendu chez moi, je ne le trouve plus. Il n’est pas dans ma sacoche. Et je sais que personne n’a fouillé dedans puisque j’ai tourné autour toute la journée.

Le lendemain encore, le petit garçon est revenu en classe.
-Est-ce que tu as pu récupérer ton livre?
Il dit oui.
Je n’ai jamais su ce qu’il y avait dans son livre.

C’est une autre mésaventure que je n’ai jamais vécue.
Comme celles qu’on voudrait oublier, ou qui arrivent à plein de gens qui se taisent.
J’imagine parfois qu’elles seraient écrites dans un livre perpétuellement à lire.
Et que si ce livre n’existait pas, nous non plus.

vendredi 4 mars 2011

Nigelles de Damas



On l’a égorgé avec des fleurs
Et quand on a découvert son corps
Une petite créature avait blottit sa tanière
Dans son crâne
Et sa longue queue
Sortait par son oreille.

mercredi 2 mars 2011

Perséphone


Huile sur panneau de bois, 19"X23".
Exposée à l’Usine 106U (160 Roy est, Montréal) pour le mois de mars.

Stephen King
Duma Key
Al bin Michel, 2009
ISBN: 978-2-226-19094-9

P.439 «Soyez courageux. N’ayez pas peur de dessiner les choses secrètes. Jamais personne n’a prétendu que l’art n’était que doux zéphyr; il est parfois ouragan. Même alors il ne faut ni hésiter, ni changer de cap. Parce que, si vous vous racontez le mensonge des artistes médiocres – que vous savez ce que vous faites-, vos chances d’accéder à la vérité seront anéanties. La vérité n’est pas toujours belle. »

En fait, j’ai l’impression qu’il parle ici davantage de séduction que de beauté.
Selon moi, la séduction est moins belle que la beauté et la beauté parfois moins esthétique que la séduction. La beauté est quelque chose d’intérieur, qui se vit intimement. Ça peut être la résilience, l’empathie, le partage, l’honnêteté. La séduction c’est la complaisance et l’hypocrisie. La vérité est belle parce qu’elle est vrai. Mais qu’est-ce qui est vrai? La réalité? Et ma réalité, est-ce la même que la tienne?

Stephen King ne parlait pas de Perséphone. Son personnage se nommait «Perse» et n’avait peut-être rien à voir avec les Mystères d'Éleusis. Mais pour moi, c’est Perséphone. Elle nous attire dans les profondeurs, sous la surface qui n’est qu’un miroir. C’est la gardienne des mers, de notre mémoire. Elle est terrible mais fascinante.