dimanche 31 août 2008

L’œil est un petit trou

Chronique du veilleur défendu.
Celui qui porte un manteau de nuit.

L’œil est plus sensible aux couleurs froides dans la pénombre, alors que sous le soleil franc de midi, il a davantage d’affinités avec les couleurs chaudes.

Il est une facilité qui est sans remède.
De celle qui dessine sans apprendre à voir.

Les fleurs du jardin botanique sont un excellent précepteur de la couleur.
Les hostas du soir deviennent presque lumineux dans la brunante, alors que toutes les autres couleurs s’éteignent.



C’est toujours quand j’oublie mon appareil photo que mon aquarelle me fait le plus défaut.

samedi 30 août 2008

La nécessité des avocados.

"This is a rebellious book -an act of quiet but desperate necessity."
'The avocado pit grower's
indoor how-to book'
by Hazel Perper


Le fruit des temps, c’est comme un marasme unanime.
Toute modernité confondue,
dire de la société qu’elle suicide les artistes,
dans l'indifférence.


« Trop d’humains de moins en moins humains.»
La valeur monétaire d’un simple clin d’œil
Contre le prix d’un ticket de métro.

Oui, j’ai pas mal jasé avec Daniel Erban cet après-midi au 106u.
Et Alain-Arthur Painchaud m’a montré ce drôle de livre sur les avocats.

L’image, en fait, se voulait illustrer une nouvelle dans Horrifique, écrite par Romano Vlad Janulewicz : « La main verte. »

vendredi 29 août 2008

L’archer aux yeux blancs

Le rôdeur des dunes glauques.

Au sud de l'île de Vaar, un vieux fort abandonné dont nul ne sait plus l'histoire.
Parfois la nuit, une lumière l'éclaire, qui disparaît dès qu'on l'approche.
J'ai tenté de l'atteindre. J'y étais presque quand l'archer blanc m'a barré la route.
Il a jeté sur moi son regard vide et j'ai compris que j'aurais dû mourir.
Mais rien de semble m'atteindre.
Il a disparut.
La lumière s'est éteinte.

Depuis ce jour, je le vois souvent près de ma hutte, quand le givre de minuit rencontre la brume de l'aube. Il me guette, comme une statue de pierre blanche qui ne cille jamais.

Qui peut bien veiller dans le fort?
Et pourquoi son gardien ne me quitte-t-il plus?


La vieille folle qui parle aux loups.


Ce dessin est le premier du genre.
Lorsque j’ai eu l’idée de modifier les visages que je dessine dans le métro.
C’est la tête du jeune homme qui est devenu un archer.
Il y aura bientôt un an de cela.

jeudi 28 août 2008

Ti-lou

Voici le bateau de Gilbert.
Dans mon blog comme à la marina, le voisin de la Magdalena.
Après le bateau-lavoir où l'on trouve les peintres, il pourrait y avoir le bateau-repassage, qu'habite les musiciens. Car il en est ainsi.



Il est superbe (pas mon dessin, le voilier lui-même), avec son foc bômé. J'aurais cru que ça lui donnerait un air bancale mais non. Il fend la vague comme une goélette méditerranéenne avec sa voile sang-de-bœuf.

mardi 26 août 2008

La Magdalena

C’est le troisième bateau de Ross (mon père). Dans le sens qu’il l’a entièrement construit de lui-même, et tout en bois. Le premier «La nixe du nord» tirait son nom d’un poème de Guillaume Apollinaire «Automne malade…» chanté par Léo Ferré. Le second «La petite poule d’eau» du roman de Gabrielle Roy. Ce sont, respectivement, des modèles Hartley 18, 21 et 24. Les plans proviennent de la Nouvelle Zélande.

La «Magdalena» a été baptisé en l’honneur de la blonde à Jésus, comme dirait mon père. Car à l’époque, bien avant le Da Vinci Code, Danielle (ma mère) avait fait une recherche sur l’iconographie de cette noble dame.



À l’intérieur, c’est Danielle qui a peint des fresques d’inspiration Égéenne, au pochoir. C’est de là que provient le dauphin à la proue. Il paraît que ça porte bonheur de représenter des dauphins sur un bateau.

J’ai fais cette esquisse la fin de semaine dernière car je suis allé au lac où on l’a mise à l’eau.

C’est le bateau familial, empreint de moult souvenirs… Résultats de plusieurs années de travail. On était toujours nerveux quand mon père nous disait : «En fin de semaine, on retourne la coque!» Heureusement, la «Magdalena» était trop lourde pour qu’on ne puisse faire autrement que d’appeler une grue. Sauf qu’ensuite il fallait encore lever le mât (!!!). Que de nuits d’orages passées sans fermer l’œil en se demandant ce qui allait lâcher le premier (notre calme, l’orage… ou le bateau). Mais surtout : la famille, le lac, les douces soirées d’été, la nature sauvage … et les toilettes à l’extérieur sous la pluie.
Enfin bref, malgré tout, ce sont mes plus beaux souvenirs.

lundi 25 août 2008

Jack et Chen

(Ou le mythe maternel de l’homme re-cloné.)

On a séparé deux clones dès leur naissance pour les élever, sans jamais qu’ils ne se rencontrent, dans deux contextes complètements différents. L’un d’eux a connu la douceur et l’espoir tandis que l’autre n’a vécu qu’une violence sans issue. On les a ensuite ensemencés artificiellement avec un embryon de leur propre clone.



Les deux enfants naquirent avec une personnalité tellement différente qu’à l’aube de trente ans, il était désormais impossible de leur trouver une quelconque ressemblance.

Chen est celui dont le père a eu de la chance. C’est un asiatique, génie informaticien calme et équilibré. Jack est son côté sombre, un alcoolique délinquant psychopathe. Les deux sont capturés et retenus en captivité dans des cellules différentes au sein de l’arène du cirque. Ils seront confrontés l’un à l’autre dans un jeu questionnaire télévisé.

Je dois faire la décoration des lieux mais cela ne m’inspire pas vraiment. Je fais plusieurs maquettes à l’ordinateur et j’imagine finalement un motif en forme de gros visage rond peint sur le sol de l’arène. Je ne suis pas très fière de moi, cela ressemble vaguement à du Paul Klee en noir et blanc avec des grossières touches de vert.

Le responsable de l’expérience vient me voir. Il est mal à l’aise et couvert de sueur car il fait très chaud. Il porte un cardigan de laine bleu foncé par dessus son t-shirt gris recouvert d’écriture rose fuchsia, qui moule outrageusement son opulente poitrine. Je ne parviens pas à savoir si mon décor lui plaît.

J'ai fais ce rêve samedi passé.
Je l'ai illustré avec cette image que je trouvais pertinente.

jeudi 21 août 2008

Le sommeil d’Imaminah

Rêve humide, inanimé.
Mime pervers à la main moite.

Quand j'étais enfant, la maison de mon rêve brûlait.
Je ne pouvais plus sortir.

Je ne fais plus ce rêve depuis très longtemps mais ça m’angoisse toujours.

J’ai eu cette vision un soir.
Tout est en flamme et je tente de fuir par les escaliers de secours, mon chat dans les bras.
Mais il n’y a pas d’issue.
La maison est une braise ardente et les escaliers sont un labyrinthe en fusion.
Je n’ai jamais fais ce rêve.


Elle va s’en sortir.
Il y a quelque chose qui manque à ce dessin.
Je n’ai pas pu, ou pas voulu l’y rajouter.
Elle entend des cris et des clameurs : des sirènes, des voitures, des gens.
On l’appelle par son nom.
Au sol, il y a ses amis qui la regarde avec espoir : saute, plane, vole !

D’une certaine façon, elle est heureuse.
Car la douce fourrure de son chat la rassure.
Son nom qui résonne dans la gorge des gens qu’elle aime devient des mains qui retiennent sa chute.
Le feu apporte gloire et lumière à une ville grise qui se referme.

Parfois, on ne peut pas s’évader. Il faut demeurer et souffrir un peu, peut-être. Tant qu’on crispe les yeux fermés rien ne va bouger. Mais si on les ouvre doucement, on va se rendre compte qu’il vaut mieux endurer la brûlure du feu et être consumé par sa splendeur plutôt que de mourir par l’intérieur.

mardi 19 août 2008

Droit d’auteur

J’écris, je me liquéfie.
J’aime nager.
Première longueur, je fends les vagues.
Virage, culbute et vrille en deux coups de main.
Je nage la bouche ouverte.

Je dessine, je m’essouffle.
Dixième longueurs.
Mes bras s’alourdissent.
Virage, culbute, j’avale de l’eau.

Je peins, je ne sens plus mes bras.
Trentième longueur, je plane.
Virage, décollage.
Je ne pense à rien.

Je me vois comme une autre.
Cinquante longueurs, je suis un poisson.
Virage… déjà terminé?
À demain ma chérie!



Le sport, c’est très sain pour la création.
Le but étant de dessiner le plus longtemps possible.
Ça m’évitera de finir dans l’encrier comme un reste humain.
Je revendique le droit, à tout auteur et tout artiste, de ne pas s’enfoncer dans sa propre incertitude.

C’est aussi pour redonner un peu de tonus à mon bras qui m’a fait fausse route la semaine dernière. Ça fonctionne, je recommence à dessiner de plus en plus.

Cette image a été réalisé pour le fanzine Horrifique, dans la volonté d’illustrer une nouvelle de Romano Vlad Janulewicz. Quelque chose de nettement plus macabre que mes histoires de piscine.

lundi 18 août 2008

L’inuk secret

Comme tout criminel retournant sur les lieux de son délit, je suis allé voir ce qu'il était advenu de cette petite mare printanière.

Et voilà ce que j'ai trouvé:


Non pas un Inukshuk, mais un cercle composé de 16 d'entre eux.
Devant une telle oeuvre, je n'ai évidemment pas pu me retenir d'y apporter ma contribution. J'ai tracé le plus petit cercle central ainsi que quatre rayons. J'y suis revenue quelques jours plus tard pour en rajouter 4 autres.

Cette journée là il pleuvait. Dès que les gouttes ont cessé de tomber, j'y suis allé faire un tour. C'était superbe, mon dessin ne lui rend pas justice. À l’abri dans le bosquet d'arbres, je ne me suis aperçue de rien quand la pluie a recommencé. À ma sortie, pour m'accueillir, le ciel s'était revêtu de deux arcs-en-ciel.

samedi 16 août 2008

Briac et l’écrit vif

Ces temps-ci, je me sens un peu comme Briac lorsque son bras est recouvert de brûlures et qu’elle a perdu ses pouvoirs.
À force de trop dessiner, je me suis blessé le bras droit et je ne peux plus rien faire. Ce qu’on appelle une épicondylite.
Nos mentors nous disent qu’on crée bien à partir de ce qu’on connaît bien. Mais ils oublient de rajouter qu’à force d’écrire ce qu’on vit, on finit par vivre ce qu’on écrit.

Allylthéa montrant à Briac une image de l’arbre de non-vie. Un croquis pour Chimeris -Vaar- : Maléïrikur.


Mais ce n’est pas si grave. Je crois que j’ai eu la sagesse de m’arrêter au bon moment. En recommençant tranquillement (pas plus d’une heure ou deux de dessin par jour), je n’aurai aucune difficulté à remplir mes commandes.
Sauf qu’à partir de maintenant je serai égoïste de mon travail, quand je vois ce que ça me coûte d’être généreuse. C’est un prix trop lourd à payer et c’est injuste puisque je le paye toute seule.
C’est sans aucun doute dû au fait que j’ai décidé de changer ma posture de travail, qui m’entretenait un peu trop la scoliose à mon goût.
Il ne devrait pas y avoir de ralentissement sur ce blog car j’ai au moins une centaine d’images en banque.
En attendant j’écris. J’écris sur mon blog et j’ai terminé le scénario de la suite de Chimeris -Sirus-. Donc en primeur, au moins les titres de la suite (en deux tomes de 60 planches).
Chimeris -Vaar- (tome 1) : Salammasca
Chimeris -Vaar- (tome 2) : Maléïrikur

Vous pouvez maintenant acheter mes bds sur internet chez Le Pressier (la librairie internet qui aime les zines).
Bonne lecture!

vendredi 15 août 2008

Nom de n’importe quoi!

Les vacances sont toujours trop courtes.
À notre retour de Bonaventure on a décidé de s’arrêter au parc national de Miguasha pour aller voir les fossiles.
En me perdant dans le musée j’ai été terrifié par les mâchoires de cette gigantesque tête d’Arthrodire (c’est un moulage en fait). Un poisson préhistorique d’environ 6 à 7 mètre qu’on aura repêché sur place, directement de l’époque du Devonien.
Et ensuite j’avais plusieurs heures de voitures à meubler jusqu’à Rimouski où j’ai laissé mon crayon délirer.


J’aime beaucoup les noms des localités en Gaspésie : Gescapégiag, Restigouche (Listuguj), Matapédia, Cascapédia, Escuminac…
En fait, Bonaventure c’est le meilleur lieu de vacance pour une cartomancienne (!!!).

Quand on arrive à Bic, ça devient franchement romantique : La Baie du Ah!Ah!, l’Anse à Mouille-Cul, l’île du Massacre…

Je me demande pourquoi « Bic »?
C’est peut-être Jacques Cartier qui voulait dire « Pic », mais il avait bu trop de rhum. Ou alors il voulait écrire que c’est « Beau en Criss » dans le coin mais il n’y avait pas assez de place sur sa carte donc il a mit : B.E.C. Et c’était illisible alors c'est devenu B.I.C. … et finalement ça a évolué en « Bic ».
Euh… n’importe quoi.

jeudi 14 août 2008

La petite nageuse

J’ai beaucoup regretté de n’avoir passé qu’un seul jour sur la plage de Bonaventure.
La mer était superbe. Peut-être un peu grise et froide, mais ce n’est imputable qu’à l’été Québécois qui fut un brin morose cet année.

Tout le monde sait que j’ai une conception un peu étrange de la mode vestimentaire. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’aime coudre. Mais je trouve que je ne méritais pas de me faire apostropher par une dame campeuse qui trouvait que j’étais attifée pour l’Halloween au mois d’août.

Ça ne m’aura pas empêché de sauter dans mon bikini et mes palmes pour aller me baigner. Sauf qu’un ami m’a dit de me méfier des raies de mer, car paraîtrait-il qu’une de ses copines se serait fait « fouetter » par l’une d’elle, ce qui est loin d’être agréable. D’autant plus que j’avais vu des méduses voguer aux grés des vagues. Mais le maître-nageur m’a simplement avertit de me méfier des requins.

Euh....
J’ai tenté d’oublier tout cela et de ne pas m’emmêler dans les algues.
Et j’ai eu tellement de plaisir à affronter les vagues que je suis demeurée assez longtemps dans l’eau pour qu’on me remarque. Car quand je suis enfin sortit, j’ai entendue une dame qui parlait de moi à sa fille en ces termes : « Regarde la petite nageuse comme elle est belle! »



L’an prochain, quand on retournera en Gaspésie, je voudrais qu’on campe au moins une semaine dans la Baie des Chaleurs pour que je puisse m’y baigner tous les jours.

mercredi 13 août 2008

Ce que l’eau m’a donné

Les gorges de l’île de Vaar ont maudit mon nom en hurlant.
J’ai cherché jusqu’en enfer pour le retrouver.
C’est le dessin qu’ébauche mes veines.

J’attendais encore le retour de mes copains quand je me suis vue ainsi, toute petite, nue et seule. J’avais froid, jusqu’à ce que je sente les pattes chaudes de mon ami qui me couvrait d’une peau de loup. Je suis devenue comme lui.


L’eau m’a tout pris, et j’ai tout perdu.
Une eau verte, un chenal d’émeraude qui se regardait dans les arbres.

Devant moi j’avais la rivière Bonaventure et des arbres.
J’étais là, je n’y suis plus.
Je regrette, je m’ennuie ici, dans la ville.
Je savais déjà quand j’ai fais ce dessin car à chaque année c’est pareil.
Quand je quitte l’eau et la forêt, je deviens autre, je perds ma peau.

mardi 12 août 2008

Le passage à pieds mouillés

Un premier dessin de nos vacances à Bonaventure en Gaspésie.



Ouf, on se demande un peu ce que ça représente au juste.
C'est quand on a décidé de monter notre tente qu'un véritable déluge de pluie nous est tombé sur la tête.
C'est une chaussure et mon chapeau séchant auprès du feu, qui semblent étrangement suspendus dans l'arbre.
Derrière, c'est l’entrée d'un gigantesque tepee sur le bord de la rivière Bonaventure, et que j'ai dessinée en attendant que mes amis reviennent de leur deuxième descente en kayak. Une, c'était assez pour moi.
La rivière Bonaventure est réputée pour être l'une des 10 plus claires au monde. On boit directement de son eau et on s'en porte très bien.

lundi 11 août 2008

L'envol des idées

C'est le titre que j'ai donné à cette image qui m'a permis de remporter un concours avec l'OFQJ.
Grâce à cela, j'aurai la chance infinie de pouvoir aller présenter Chimeris à un festival de BD en France.
Youpi!
Grand merci à l'OFQJ pour leur appui.
Les 24-25-26 octobre, je serai donc à St-Malo pour le festival Quai des bulles.


Voici l'affiche qu'on a fait avec mon dessin. Elle est superbre n'est-ce pas?


Ce serait inutile de vous dire à quel point je suis fière et enthousiaste!
On pourrait difficilement me plaire davantage qu'en m'offrant un voyage en Bretagne, le pays des Dames du lac, moi qui n'avais jamais quitté le sol de l'Amérique. Je vais d'ailleurs y demeurer jusqu'au 30 octobre, histoire d'avoir le temps d'aller visiter, entre autres, le Mont St-Michel et Carnac.