mercredi 15 juin 2011

Regarde-moi pour mieux me retenir



Ma mère veut acheter un sac à dos. En fait, c’est plutôt la vendeuse qui lui suggère un sac et ma mère se rend compte qu’elle en a bien besoin. Il est rose pêche avec un motif quadrillé. Dans le sac, il y a une petite statuette de jaspe en forme de soulier. En me levant ce matin, je regarde ma mère dormir dans mon lit. Je crois voir son esprit se détacher de son corps pour aller se jeter par la fenêtre. Elle atterrit plusieurs étages plus bas et se fracasse sur le sol où elle se brise en plusieurs morceaux qui gisent dans une flaque de sang. Mais, le soir même, elle revient chez nous avec un kimono rose et, sur son visage, un masque de papier bleu pâle plié en forme de lapin.

Je suis dans un manga, j’ai un uniforme de collégienne et je vais à l’école avec un petit hélicoptère à pédales. Je m’en vais acheter un petit sac à dos moi aussi, comme ma mère, avec une seule bretelle qu’on passe en bandoulière. Mon sac est bleu pâle avec des dessins enfantins imprimés dessus. Il y a aussi une petite statuette dedans. Sur l’heure de la collation, un grand cri strident s’échappe de mon sac, c’est la statuette qui crie famine. Elle représente un vieux sage chinois qui tient un gros chat dans ses bras. Je veux lui donner une bouché de mon gâteau de riz mais il l’engouffre au complet.

Ma mère a disparut. Mon copain veut avoir une empreinte de mon pouce pour savoir si moi aussi je suis infectée par la statuette, afin ne pas me perdre, pour mieux me retenir.
Je me réveille dans mon rêve et je veux écrire mon rêve mais mes feuilles de notes sont déjà pleines d’autres rêves ou d’écriture imprimées sans aucun rapport. Il n’y a pas de place. Je ne trouve pas mon livre de rêves, seulement une BD. Un manga emprunté à la bibliothèque. Je n’ai pas le droit d’écrire dedans, mais je me rends compte que je l’ai déjà fait.

En relisant mon rêve, je vois le soulier de ma mère. Elle est en train de se transformer en limace pour rejoindre les autres limaces qui montent l’escalier. Sur les côtés, le long de la rampe, il y a des masques grimaçants sculptés dans le mur qui aspirent les limaces. L’une d’elle est en train d’aspirer ma mère, il ne reste que son soulier.
Je me rendors dans mon rêve et je sors de mon corps. Je plane dans le ciel de la ville plongée dans les ténèbres. Seul le jardin botanique est illuminé comme une patinoire qu’on éclaire la nuit. Je dois y aller.

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