lundi 16 janvier 2012

La vie, pour la vie, pour le corps



Un grand vaisseau spatial en carton ondulé se promène dans la ville sur ses longues pattes. Je suis parvenue à m’évader mais le président est toujours prisonnier. Je veux rattraper le vaisseau mais je ne cours pas assez vite. Si seulement je parvenais à trouver un vélo. J’aimerais en voler un car je suis convaincue de l’importance de ma mission mais d’un autre côté, je ne vais pas le faire car la personne qui ne retrouverait pas sa bicyclette ignorerait les raisons de sa disparition et concevrait une frustration bien compréhensible. Finalement je croise un groupe de jeunes adolescents qui font du vélo acrobatique et de la planche à roulette sur des structures de béton. Je les convaincs de poursuivre le vaisseau et de m’amener avec eux. Ensuite je peux remonter dans le vaisseau en passant par le trou des toilettes. Je sais que l’eau aura diluée le carton du plancher et que ce sera facile d’y ménager un trou pour retourner dans le vaisseau et y poser une bombe.

Notre vaisseau spatial s’échoue sur une planète où on ne voit jamais le soleil. Tout es toujours bleu, la nuit comme le jour, il n’y a pas d’étoiles. Le jour est à peine plus clair que la nuit. Nous dormons à la belle étoile dans une vallée au creux des montagnes, pendant que d’autres font le guet. Nos matelas de yoga sont placés en rangs bien ordonnés, à chacun sa place. Nul ne veut boire de l’eau et s’abriter dans les grottes car il s’y trouve une force qui nous transformerait. Mais nous n’aurons pas le choix pour survivre car le vaisseau ne viendra jamais nous chercher. Et plusieurs d’entre nous mourrons.

Ral est un garçon agressif, ni satyre ni serpent mais un peu des deux. Il a des sabots aux pieds et une grande queue recouverte d’aiguilles effilées. Sa bouche est pleine de crocs, comme ses doigts qui se terminent par des griffes. Pour survivre dans ce monde dangereux, il doit être cruel. Et Beryl, la belle et pâle jeune fille aux cheveux bleus, a peur de lui. Elle est si douce et gentille que Ral doit la protéger et sa violence la terrifie. Malgré tout, sans Ral elle ne pourrait survivre. Peut-être qu’elle ne désire pas vivre dans un monde où l’on doit devenir méchant pour trouver sa place. Ral recherche ses racines. Il croit que son peuple descend des dieux et il suivra l’eau du changement jusqu’au plateau où elle prend sa source. Il y retrouve la demeure de la magicienne, belle comme Beryl. Mais quand celle-ci plonge dans le lac, elle devient une créature de fiel, aigue et ridée, pleine d’aspérités coupantes et tranchantes. C’est la mère de Ral et elle cache ses membres décharnés sous une ample robe bleue qui recouvre la trace de ses pas jonchées d’ossements. La créature retourne vers un vaisseau spatial échoué à demi enseveli dans le sol qui constitue sa demeure. Ral comprend que son peuple provient d’une ancienne colonie d’humains échoués sur la planète et perdus à jamais.

Je suis dans le niveau vitré tout de cristal au centre d’un immense gratte-ciel. Je suis mal vêtu, je porte mon linge d’atelier et je suis nue bas. Je me demande si les gens ne seront pas insultés de me voir ainsi. Mais d’un autre côté ça ne me dérange pas vraiment car personne ne fait attention à moi. Pourtant, je viens de sauver la vie du président et nous attendons la cérémonie célébrant son retour. En attendant, c’est plein de touristes et je m’embête. Je veux aller me promener au niveau inférieur mais il est terriblement plus bas et les escalators descendants ne fonctionnent pas. Je dois me résoudre à descendre à pied et j’arrive dans une gigantesque librairie. Sur les présentoirs des produits vedette je trouve la trilogie de Ral et Beryl. Il y a de très belles illustrations presque à chaque page et c’est une histoire pour public adolescent. Le premier volume s’intitule : La vie. Le second : Pour la vie. Et le dernier : Pour le corps.

Je comprends que pour vivre, il faut aimer la vie. Et pour aimer la vie, il faut aimer son corps, ce qui me surprend un peu. J’aurais cru que le plus important serait d’avoir un esprit en santé. Je réalise alors qu’un esprit sain aimant son corps aimera aussi la vie.

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