lundi 13 février 2012
Les gourmets
Je traverse le fleuve Amazone à pieds, en marchant dans l’eau, avec un groupe d’aventuriers dans le but d’y construire des ponts. Mon nom est Katherine. Je suis vêtue d’une chemise blanche et d’une grande jupe brune que je porte troussée au dessus des genoux avec des bottes de cuir, le tout à la mode de la fin du 19ième siècle et très sale.
Nous devons trancher toutes les branches des arbres et les lianes qui passent au dessus de l’eau. Comme les lézards et certains serpents ne peuvent plus traverser, les hommes doivent leur faire une passerelle au dessus de l’eau en se tenant par les mains, les bras en croix. Certains lézards leur fouettent le visage avec la queue par dépit.
Chemin faisant, nous remarquons qu’un gigantesque anaconda nous suit sur l’eau en flottant dans un tronc creux. Il est attiré par mon bracelet en peau de serpent car l’un des hommes remarque que c’est exactement le même motif d’écailles sur sa peau. Un aventurier m’injecte l'anti-venin en me disant de fuir pour attirer le serpent loin d’eux. Le serpent finit par me rejoindre et, avec sa gueule, mord mon bracelet pour le retirer doucement de ma main gauche. Il me poursuit ensuite quelques temps juste pour me faire peur mais je le perds quand le fleuve me porte jusque dans un grand lac d’eau claire où je peux me baigner.
J’appelle les autres membres de l’expédition pour qu’ils viennent me rejoindre car c’est sans danger. Ici le fleuve se divise en plusieurs embranchements et notre équipe devra se séparer pour les explorer. Les deux plus jeunes garçons se partagent la voûte étoilée où ils se construisent des maisons imaginaires le soir, quand nous veillons auprès du feu.
Un de nos hommes va en éclaireur dans un bras du fleuve. Il trouve des pirogues échouées avec des cadavres d’hommes blancs. Des squelettes de pygmée avec la tête trépanée (comme les crânes votifs de la préhistoire) sont en train de dévorer les corps. Ils appartiennent à la tribu des gourmets dont on entend justement la chanson :
« Les gourmets sont des hommes qui mangent les vieux
Quand on est malade
Quand on est au lit
Et qu’on ne veut plus rien faire
Les gourmets viennent nous manger. »
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