Je demeure dans un gigantesque manoir
décrépit. Les planchers sont en lattes de bois vermoulu et rapiécé qui craquent quand on marche
dessus. Des sections pourries s’enfoncent quand j’y pose le pied. La maison est
en forme de grand 2 allongé et tout en angle, avec des corridors vides
interminables au bout de chaque coude, fermés par des portes aux articulations
qui joignent les ailes de la bâtisse. Les murs sont recouverts de vieux papier
peint déchiré illustré de fleurs rouges bourgogne sur un fond brunâtre qui
devait être immaculé avant. Des dragons noirs crachant du feu s’enroulent et
s’entremêlent en reliefs sur les parois.
Plusieurs femmes vêtues de robes
empires aux couleurs vives se tiennent derrière ou s’assoient sur une longue
causeuse jaune. Parfois elles apparaissent et elles disparaissent. Ce sont des
fantômes et je les vois. Je demande à boire du lait et on me sert un grand
verre rempli de liquide blanchâtre qui semble s’homogénéiser dans une dilution de liquide sombre et terne pour se
clarifier peu à peu et devenir du vin rouge rubis. Un grand italien vêtu d’une
tunique et de hautes bottes médiévales vient me servir le breuvage en me disant
que c’est mieux pour moi de boire du vin, avec ce que les esprits veulent me
demander.
Les belles dames néoclassiques me disent que je dois aller au sous-sol
pour retrouver leurs cadavres.
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