Ils ont construit une énorme montagne
artificielle en argile rouge qui ressemble à une termitière hérissée de niches
et de corniches. On dirait une architecture de Gaudi. C’est supposé être un
parcours à vélo mais les pistes sont tellement vertigineuses et accidentées que
je passe mon temps à démonter pour marcher à côté et un vieux monsieur derrière
moi n’arrête pas de chialer parce que je ne vais pas assez vite pour lui. Des
pingouins se rassemblent sur les paliers de la montagne, avec la neige. Tous
les sentiers sont engorgés à l’heure de pointe car il y a vraiment trop de gens
qui vont les voir. C’est l’été donc la neige fond en grande mares de slush
remplies de cadavres de pingouins vides et flasques. Un lac de neige fondue se
ramasse au pied de la montagne avec un gros serpent de mer et je me fait attaquer
par une sorte d’insecte hybride sangsue et maringouin. C’est dégueulasse, j’en
ai plein dans le dos et je plonge sous l’eau dans l’espoir de m’en défaire.
Une grande barque passe pleine d’enfants trop
maigres et musclés qui rament. Ils sont
tout sales et couverts de blessures. Ce sont des orphelins sur lesquels les
gardiens du château font des expériences. Le lac leur appartient et ils nous
rattrapent. Je sais qu’ils vont nous punir. Ils nous font attendre dans une
chambre du château et on essaie de trouver un moyen pour s’échapper.
Quelqu’un
suggère de passer par l’armoire à pharmacie, qui communique avec les conduits
d’aération. Il calcul que la diagonale fait 57cm et évalue que c’est assez
grand pour nous. Mais je n’ai pas envie de me retrouver coincée dans un tunnel
à peine assez large pour ramper alors je suggère de passer par la chute à
linge, dans des boîtes de carton.
À chaque niveau, la plupart du temps, les
gens nous reconnaissent mais ils nous laissent circuler. Pourvu qu’on ne tombe
pas sur des gardiens. À un moment donné j’arrive dans un local industriel où
des concierges à leur pause sont assis dans un coin en train de placoter. Je
vais vite me cacher dans une boîte et je ne bouge plus. Je crois qu’ils m’ont
entendu car ils viennent dans ma direction et ils font semblant d’être tout
content de découvrir une boîte remplis de cannes de beans. En fait, ce sont des
pintes de peinture remplies de fèves au lard.
Un des travailleur referme la
boîte dans laquelle je suis et la scelle avec du ruban adhésif. Ils vont
ensuite me porter dans la chute à linge. Ce qui me culbute finalement jusqu’à
un niveau où tout est sombre et impeccable. Des murs en marbre s’élèvent en
moulures historiées et le plancher est en damier. Ma boîte est trop démolie
pour que je puisse m’y cacher et je panique car quelqu’un arrive en faisant un
discours philosophique sur la nature de l’être humain. C’est un homme vêtu
comme au 18ième siècle dans un style qui fait penser à Mozart,
avec une perruque aux cheveux longs et une queue de cheval.
J’ai eu peur pour rien, c’est un ami qui me
veut du bien. Et il est content car il veut me montrer qu’il y a plein de monde
qui sont prêts à m’aider. Il ouvre des portes et plein de gens viennent nous
rejoindre. Je m’effondre dans un coin.
Je dis que c’est bien gentil, merci, mais tout ce que je voudrais dans le
moment, c’est manger et dormir. J’ai tellement faim et je suis terriblement
fatiguée.
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