vendredi 7 novembre 2008

Quai des bulles

La peur de l’inconnu semble être la motivation la plus puissante de l’être humain.
Elle nous rend aisément manipulables. On écoute plus volontiers ceux qui parlent le plus fort, même si ce qu’ils disent n’a aucun bon sens. On se rassure en se disant qu’après tout, tous les autres les suivent.

Ce qui est le plus cruel dans une démarche d’artiste indépendant, c’est le manque de reconnaissance.


Après avoir installé une fois mon stand, j’ai dû me désinstaller puis me réinstaller, et ensuite re-désinstaller le tout pour le re-réinstaller convenablement. Mais surtout, il était hors de question que je sois perçue comme une auteure de bande dessinée, peu importe ce que je puisse être en vérité, ce n’est certainement qu’amateur et sans importance. Donc inutile de me témoigner ne serait-ce qu’un cil de considération.

J’ai fait front quand même, sans pouvoir empêcher un torrent de larmes de venir inonder les BDs qui m’ont coûté tant d’heures de travail. Rajoutez à cela l’épuisement du décalage horaire, la nervosité d’être seule et sans repère ainsi que la température glaciale… j’ai attrapé la crève, comme on dit là bas.

Malgré tout, j’ai fait beaucoup de ventes. Je remercie de tout cœur le public qui m’a accueillie avec autant d’enthousiasme. Ils ont osé choisir quelque chose de différent sans que personne n’ait à leur dire : «ça c’est bon».

Ont-ils aimé maintenant? Je le souhaite.

Mon objectif était de vendre juste assez pour rembourser le coût astronomique que j’ai dû défrayer pour livrer mes BDs outre-mer.

Objectif atteint. Merci grandement.

Le lendemain matin, je faisais le poireau sans conviction devant la vitrine de la pharmacie en attendant qu’elle daigne ouvrir ses portes pour accueillir mon infection. J’ai été charmée par la petite maison bretonne juste en face, et par les nuées de pinsons qui sont venus rajouter de l’entrain à une journée déjà mal amorcée.

Les français possèdent une pharmacopée très efficace, ça allait bien mieux ensuite, autant le morale que la grippe. Faut dire que je planais pas mal.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Hahaha, ça me fait ça aussi, les médicaments pour le rhume. Tout le monde me trouve super rigolote quand j'en prends, moi en premier ;-)

Pas drôle ce snobisme et cette condescendance que tu as dû essuyer!!! Ce sont les organisateurs du festival dont tu parles, là, ou aussi des autres auteurs?

Mais tes BD commencent à se lire là-bas, ce doit être réjouissant :-))

Adeline Lamarre a dit…

Malheureusement Encre, c'était assez généralisé. Mais j'ai aussi croisé des gens vraiment formidables, qui ont été d'un grand support.

Ce qui m'énerve c'est que tout le long du festival, j'ai eu l'impression qu'ils me faisaient une faveur en m'accueillant. Je suis très très heureuse de la chance que j'ai eu. Après tout, je ne suis qu'une personne ordinaire qui a décidé un jour de faire des p'tit dessins, c'est seulement ça. N'importe qui peut le faire, il suffit juste de le faire. Je l'ai fait. Mais je trouve que j'ai travaillé fort et que j'ai mérité tout ce que j'ai eu à Quai des Bulles.
Cela dit, merci beaucoup.

Anonyme a dit…

Oui tu as mérité d'y être.
Cette attitude à laquelle tu t'es heurtée, c'est de la condescendance et la condescendance, ce sont les gens satisfaits d'eux-mêmes qui ressentent une telle chose. Je n'en dis pas plus ;-)