vendredi 6 avril 2012

Varsa A.



Une jeune fille centaure en gélatine bleue conduit un vaisseau spatial aspiré par une étincelante sculpture gravitationnelle. Pour la sauver, une entité gazeuse qui passait par là aspire son âme.

Une femme entièrement vêtue de blanc se promène sur la rue Roy au coin de Coloniale. Son petit garçon d’à peine deux ans est vêtu comme un petit chinois, tout en blanc lui aussi. Il perd par deux fois ses mitaines dans la rue et je les lui ramasse à tout les coups. Je demande à sa mère d’où elle vient et elle me répond que son père est africain et sa mère Maya. Maintenant je comprends l’origine de son visage.

Il y a un appartement qui brûle au coin de la rue. C’est un logement habité par des jeunes garçons irresponsables. Ils sortent par la fenêtre pour se sauver avant que la police n’arrive. Quand la sécurité se pointe, on lui dit de rechercher la grosse-maigre (la mulâtresse-maya) car elle se promène toujours dans le coin et elle saura ce qui s’est passé.

Je vais à un camp scout dans un chalet sur le bord du lac. L’homme qui loue l’endroit a deux petits garçons qui se construisent un village sur la plage. En allant m’asseoir sur le sable, je dérange les drapeaux du château qu’ils ont bâti et les gamins en colère m’insultent et m’abreuvent d’injures. Je tente de les apaiser en replantant leurs drapeaux et le père dit à ses enfants de s’excuser. Les deux garnements fondent en larme et viennent se serrer dans mes bras.

Nos voisins font un spectacle de feux d’artifice. Mais comme ce n’est pas tout à fait légal, nous n’osons pas nous déplacer chez eux. De toute façon, on pourra très bien voir l'exhibition de chez nous, et en rediffusion sur un écran géant qui flotte dans le ciel. Les feux éclatent alors qu’il ne fait pas encore noir. C’est un crépuscule rose et pêche. Mais le ballet pyrotechnique est incroyable. Je n’ai jamais rien vu de pareil et je me félicite d’avoir la chance de pouvoir assister à quelque chose d’aussi beau. Je pensais que de telles merveilles ne pouvaient exister que dans les films et les dessins animés. Et je suis presque fière que l’espèce humaine soit parvenue à développer d’aussi majestueuse création. Des dragons multicolores volent dans les airs, des serpents flottent et s’entortillent au milieu des nuées et des armées d’innombrables soldats s’affrontent au dessus des eaux. (Oui, vous pouvez le dire, j’étais plutôt déçu quand j’ai compris que ce n’était qu’un rêve. Il semblerait que l’homme ne soit malheureusement pas près de dépenser autant d’argent en recherche pour la beauté de l’art. Mais de retour à mon rêve…)

Nous sommes tous subjugués à un point tel qu’on se précipite le plus rapidement possible jusque chez notre voisin afin de pouvoir assister à la performance avant qu’elle ne se termine. Nous arrivons juste à temps pour voir la fin se dérouler dans leur jardin chinois très zen, décoré de paifang, de pagode, d’aménagement de pierres, de tonnelles en fleurs, d'étangs et des lions sculptés. Une jeune femme blonde vêtues aux couleurs bariolées et folklorique d’une ethnie chinoise vient nous accueillir.

Je l’appelle Varsava et elle dit que c’est intéressant ce que je fais avec son nom car en fait elle se nomme Varsa A. Car chez eux, le «A» est un signe de noblesse. On les félicite en les remerciant de nous avoir invités à leur événement. C’était une bonne idée de venir chez eux.
« Et ce sera une bonne idée à chaque fois. » dit-elle avant de se retirer.

Nous n’avons pas vu le maître des lieux, je crois qu’il ne se montre jamais. Et le jardin est inondé. Mais les arbres et les plantes sont des dans pots qui contiennent une sorte de pâte rose. On apprend que c’est du plancton et donc que les plantes n’ont rien à craindre d’être inondées.

Sur la rue Castelneau, au coin de Lajeunesse, un avion survole le ciel en nous vidant des sacs d’ordure sur la tête comme s’il s’agissait des bombes. Vue la hauteur d’où elles tombent, les immondices en deviennent dangereuses. Tous les oiseaux se rassemblent en nuages compacts qui obscurcissent le ciel. Je suis la seule à savoir qu’ils vont nous attaquer. J’entre me réfugier par la première porte que je croise. C’est le bloc appartement d’une vieille dame qui ne semble pas du tout dérangée par ma présence inopinée. Je referme discrètement tous les rideaux en me cachant des oiseaux. Si les rideaux sont tirés sur les fenêtres, les oiseaux ne nous verront pas au travers et nous serons en sécurité.

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