samedi 25 octobre 2014

La tête ailleurs




Il y a un nouveau magasin de matériel d’artiste où on peut composer nos propres tubes de couleurs acryliques. Et le magasin vend aussi les couleurs que des clients ont faits même s’ils ont décidé de ne pas les acheter. Le commerce a décidé de s’approprier les recettes inventées par certains clients pour les revendre à leur compte. Car dès que quelqu’un programme une couleur dans la machine, elle est conservée en mémoire. Je ne voudrais pas que le magasin revende mes couleurs mais j’ai vraiment envie de composer mes propres tubes. 

L'invention qui broie les pigments dans le liant acrylique ressemble à ces machines distributrice de café automatique dans laquelle on peut "regarder l'infusion". Ce n’est pas comme les carrousels de couleurs des quincailleries qui ne font qu’utiliser des colorants génériques et de basse qualité pour proposer des combinaisons. Dans mon rêve, il est vraiment possible de fabriquer des tubes sur mesure en utilisant les pigments qu’on choisit.  

Je commence par regarder dans les échantillons de tubes refusés pour voir si je trouve ce que je recherche. Comme les tubes sont tous transparents, ça aide à voir leur couleur. Et j’examine aussi les tubes préfabriqués du commerce pour étudier leurs compositions en pigments. Je veux me fabriquer un turquoise qui soit transparent comme le phtalocyanine mais pas aussi foncé et avec plus de jaune, mais moins opaque et moins pâle que le turquoise de cobalt. J’imagine que le turquoise de phtalocyanine avec un jaune de nickel azomethine et peut-être un peu de blanc de zinc, ça pourrait être intéressant. J’aimerais aussi me composer une sorte de bleu de Prusse qui soit plus intéressant que celui proposé par le commerce. 

J’étais concentrée dans mes recettes alors qu’une collègue artiste vient me voir et commence à me poser plein de questions. Je lui réponds assez froidement car j’ai la tête ailleurs alors elle se fâche et commence à m’enguirlander. 

Je vais chez le médecin et la salle d’attente est remplit d’artistes qui créent. Je reçois plein de peinture aérosol sur la peau car quelqu’un en vaporise juste à côté de moi. Une de mes amis artiste est aussi médecin et cela ne m’étonne pas car elle a de la classe et une tête sur les épaules. Et je me demande jusqu’à quel point elle va abandonner sa carrière d’artiste pour travailler maintenant comme docteur. 



Il y a une grande murale dans la salle d’attente qui a été peinte par une autre artiste qui a aussi sa propre galerie d’art. C’est inspiré d’une peinture de Frida Kahlo. Il y a Frida à droite mais sans sa tête et son corps est une construction de membres disparates appartenant à des sculptures pré-colombiennes. À gauche un tas de tête. 
Dans la toile originale, ce sont des têtes de Frida qui tiennent des sacs à main contre leurs joues. Dans la version moderne, c’est le visage de l’artiste qui tient des ePhone et des Epad. L’œuvre représente le stress de l’artiste qui se lance en affaire et la souffrance de ne plus pouvoir créer (la tête ailleurs, détachées du corps) quand on doit s’occuper de toutes les responsabilités que cela implique.  

On sort dans la cours de l’édifice et c’est comme en Chine. Le docteur me parle de la tour Eiffel qu’on a complètement recouvert d’un filet crocheté et dont chaque palier s’incurve un peu comme une Pagode. Cela me fait penser à la gigantesque bd en tricot qui couvre un immeuble de 5 étages.

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