samedi 24 janvier 2015

Les pieds au-dessus des eaux



Je suis en vacance dans les tropiques et je cours sur une longue et large enfilade de quais qui se prolonge sur l’océan turquoise. Ce ne sont pas des quais flottants mais plutôt des passerelles sur pilotis construit bien au-dessus des eaux. 

C’est l’aube, le ciel est de couleurs douces, rose et or et il fait chaud. Je me sens calme et enivrée. J’arrive jusqu’au bout des quais qui se terminent en montant avec une plus ou moins grande déclivité car ils deviennent des murs d’escalade. Les prises sont des petites pyramides de toutes les couleurs et de toutes les grosseurs. J’essais de me hisser avec mes bras sur une petite prise mais cela me fait mal à la main et je n’ai pas assez de force. Je lâche aussitôt car je me dis que, de toute façon, je ne devrais pas faire ça si je suis toute seule et sans assistance ni surveillance. 

Une navette passe sur l’eau, suivit par plusieurs bateaux qui ressemblent à des remorqueurs, tout blanc avec des vitres roses de teintes différentes. Mais Ils s'en vont car ils ont peur de moi. 

En revenant sur mes pas, je passe par un endroit d'où je ne me souviens pas être déjà allé et cela me surprend car il n’y a qu’un seul chemin. C’est une portion de la route qui s'immerge dans l'eau en descendant sous les quais. Si j’étais déjà passé par là, j’aurais eu les pieds mouillés et ce n’est pas le cas. 

Des indigènes vivent dans des huttes de branchages, là où il fait sombre sous les quais. Ils s’éclairent avec des petites bougies et des lanternes colorées à l’éclat chiche. Des vieilles mères et des épouses veillent leur fils, morts ou gravement malades, étendus à même le sol les uns à côtés des autres, enveloppés dans des linges colorés et les pieds nus. Ce sont des soldats qui se sont battus pour l’indépendance de leur pays, contre la dictature et l’exploitation. 

Les femmes me regardent avec haine et crainte. Je leur fait peur mais elles n’oseront pas m’attaquer, de peur de représailles car elles me détestent puisque je suis une touriste occidentale, le symbole de leur oppression.


Aucun commentaire: