dimanche 9 juin 2013

La secte des oiseaux



Il y a des papillons dans ma chambre mais ils sont tous morts et leurs ailes flottent au plafond. Le soleil levant fait des belles couleurs en jouant dans leurs reflets. Je veux les photographier mais ils sont tous aspirés par la fenêtre ouverte.

Je suis très fatiguée et je marche sur une autoroute dans la ville déserte. Le ciel est couvert par des milliers d’oiseaux. Je les montre à mon ami en lui disant : « Wow! Il y a plein d’oiseaux » et il répond d’un air désabusé « Il y a toujours plein d’oiseaux. » Une écharpe rose flotte au loin au dessus de moi. Les oiseaux transportent plein de choses qu’ils tiennent entre leurs griffes, des lustres de cordages retenant des flotteurs, des cages de bois... Tout cela semble très lourd pour eux et des fois ils perdent de l’altitude alors je leur crie des mots d’encouragement comme si j’assistais à un tournois sportif. On me dit de ne pas le faire car les oiseaux veulent dominer le monde.

Derrière nous, sur la route, des gens difformes conduisent des half track et ils vont nous écraser si on reste devant eux. Je veux suivre les oiseaux mais on me dit que c’est une secte. Ils ont construit un camp dans la plaine, un petit village de tentes clôturé par un rempart de toile à parachute jaune. Je veux y aller juste pour voir et il y a d’autres curieux avec moi. La foule est tellement compacte qu’on parvient tout juste à entrer. Les gens écoutent un discours. Les autres se font planter des mini dards garnis de plumes rouges dans le corps et on ne les laisse pas sortir. Je me débats et je parviens à m’enfuir malgré les gens qui me retiennent et les parois de toile qui veulent se refermer sur moi.

À la sortie, un homme m’attend vêtu comme Rambo explorant la brousse. Il m’explique la nature de la drogue dans les dards. Les fléchettes rouges sont presque inoffensives mais pas celles empanachées de blanc et noir dont il m’en montre un exemplaire au creux de sa main. C’est le vrai Nirvana qui oblitère toutes les autres sensations au point d’induire de puissantes réactions physiques. On les plantes dans la peau des enfants qui tentent de s’évader et cela leur cause des réactions très violentes.

Il me raconte que le culte des oiseaux était très puissant avant ma naissance, l’humanité presque entière en faisait partie. Je prends ce commentaire comme un espoir signifiant qu’il est possible de s’en sortir puisque maintenant la secte est beaucoup moins populaire. Je me sauve et, le lendemain matin en me réveillant, je le retrouve juste au pied de mon arbre alors que je sais qu’il ne m’a pas suivit. Cela signifie qu’il a été capable de me retrouver même si je dormais haut dans un arbre retenue avec un harnais. Et il y a tant d’arbre dans la forêt. Je lui concède la victoire et je suis donc prête à me soumettre à leur culte donc je prends un dard aux plumes noires et blanches.

Plus tard, bien plus tard… j’ai rasé mes longs cheveux bruns et je suis accroc aux épines bipolaires. De grosses cicatrices noires courent tout autour de mon visage là où je dois les planter. J’en prends 11 en même temps et quand elles font effet j’ai des spasmes musculaires tellement brutaux que mon sang gicle à grand flots noir par  l’extrémité des dards, qui son creux. Je regarde un tableau de ma tolérance toxique. À chaque dose, je dois ajouter un dard supplémentaire pour  retrouver la même réaction qu’au début. Et plus j’en prends, plus je dois retirer d’inhibiteur.

Mais ce traitement n’est pas réservé à tous, c’est plutôt mauvais pour la santé. Étrangement, nos transes font de nous des sorciers et les enfants nous admirent. Cela nous rend apathique, détruit notre volonté. Certains deviennent fous et les autres meurent. Ce sont les artistes et les intellectuels, les libres penseurs et les indépendants qui sont ainsi réduits à l’impuissance.  

Aucun commentaire: