mercredi 13 novembre 2013

Le château de souffre


Les murs du couloir sont en deux couleurs. La moitié  supérieure en blanc C1-F1, et l’autre partie inférieure en gris C2-F2. Pour faire entrer les enfants dans un monde Lovecraftien, les prêtres les regroupent sur des grandes plaques de forme trapézoïde en treillis métallique, comme des bouches d’égout. Et ils chantent en piétinant sur la rythmique du thème des orcs dans le dessin-animé du seigneur des anneaux de Ralph Bakshi. Les plaques entrent en résonnance et le sol s’écarte pour dévoiler un corridor au niveau inférieur. 

Le prêtre dit qu’il aura besoin de deux enfants. Deux garçons se portent volontaires et s’approchent avec enthousiasme en demandant si on va leur donner des pouvoirs spéciaux. Non. On leur montre deux grands pals aux pieds desquels sont lovés plusieurs cadavres infantiles. On va les sacrifier pour payer le passage des enfants esclave au royaume des profondeurs. 

J’arrive jusqu’à une énorme voûte souterraine en suivant une passerelle très étroite  en verre dépoli qui longe une falaise. La lumière ici est si éclatante qu’on la dirait émise par un petit soleil intérieur d’un jaune froid presque vert. Une foule énorme d’esclaves glabres et basanés s’agitent plusieurs dizaines de mètres sous mes pieds. Leur peau baignée de sueur reluit d’un camaïeu absinthe tellement la lueur est forte. Je ne me souviens pas ce qu’ils font mais il y a des gigantesques structures cristallines.  Et je suis étourdit car je ne parviens pas à croire que mon rêve puisse avoir l’air si vrai tout en étant si étrange. Je ne peux pas me convaincre qu’un tel endroit n’existe que dans mon imagination. Je me dis que ça doit être réel tout en sachant que ça ne l’est pas et cela me donne le vertige. Et c’est aussi la raison pour laquelle je veux y demeurer car, même si cet univers est terrible, il est merveilleux et le fait de savoir que je rêve me garantit que je saurai déjouer toute stratégie qui pourrait me faire du mal.

J’arrive jusqu’à un château construit en équilibre sur une gigantesque sphère de métal dans une grotte qui ressemble à l’intérieur d’une géode de souffre. Un couloir de lumière à la texture plastique se forme dans les airs pour me conduire jusqu’à la porte principale du château. Il faut faire vite pour le traverser car il ne dure pas longtemps. Et le château projette un rayon laser rouge qui nous pulvérise si on reste immobile plus de 5 secondes. Le pont ne m’inspire pas confiance mais je me dis que puisque je suis dans un rêve, je peux glisser sur la lumière. Rendue jusqu’au château, je m’arrête. Je bouge juste à temps pour que le laser tire derrière moi. Et ainsi de suite, je l’attire jusqu’en dessous du château. Il tire sur la boule et elle explose.


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